Quelles sont les solutions en matière de transfert d’informations d’identité ?

Les processus commerciaux entre deux ou plusieurs entreprises, appelés relations business-to-business (B2B), sont aujourd’hui généralement gérés électroniquement. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, on trouve encore de nombreuses étapes manuelles qui génèrent souvent des coûts indirects élevés. La cause en est généralement le manque d’informations sur les collaborateurs d’une entreprise, qui sont nécessaires pour gérer efficacement les processus commerciaux de l’autre. Mais comment cet échange peut-il être géré efficacement et sans rupture de média ?

Toute entreprise, qu’il s’agisse d’un grand groupe ou d’une entreprise unipersonnelle, entretient aujourd’hui des relations commerciales avec d’autres entreprises. Les processus d’achat les plus fréquents sont ceux dans lesquels les collaborateurs d’une entreprise achètent des produits ou des services d’une autre entreprise. Un exemple typique est l’achat de billets dans les transports publics, dont les différents niveaux de développement sont examinés ci-après :

Situation de départ :

Bruno Frey de l’entreprise X possède un abonnement demi-tarif. Pour ses activités professionnelles de représentant, il se déplace beaucoup.

Solution zéro :

Dans la solution zéro, Bruno achète lui-même ses billets (du point de vue des TP, il s’agit d’un client B2C) et les facture via les frais. Cela lui occasionne en moyenne environ 25,- CHF de frais de processus pour la saisie et le décompte des frais. Cela correspond au prix moyen d’un billet.

Avec cette solution zéro, les collaborateurs de l’entreprise X sont traités comme des clients normaux et non comme des clients professionnels. De ce fait, l’entreprise X ne peut bénéficier d’aucune condition spéciale.

Solution B2B minimale :

L’entreprise X conclut un contrat avec le prestataire de TP et envoie régulièrement les données de ses collaborateurs, comme Bruno, aux TP.

  1. Dans le cas le plus simple, cela peut se faire par courrier ou par fax au TP, qui gère ensuite les données manuellement dans son propre système informatique.
  2. Alternativement, les données peuvent être mises à disposition dans un fichier, par exemple CSV, et importées directement.
  3. Une solution déjà assez développée serait un portail permettant aux administrateurs de l’entreprise X de saisir et de mettre à jour les données des collaborateurs.

Grâce à la saisie des collaborateurs dans le système de TP, l’entreprise X n’a plus besoin de saisir et de décompter les frais. L’entreprise X reçoit chaque mois un relevé électronique des billets achetés par ses collaborateurs ou peut aller les chercher sur le portail en cas de besoin. L’entreprise X peut désormais payer l’ensemble des billets et profiter de rabais d’entreprise. Mais les données des collaborateurs mises à disposition pour les TP doivent être tenues à jour en permanence. Les coûts de processus se déplacent maintenant vers le nouveau processus de gestion (supplémentaire) pour les collaborateurs sur le portail, mais ne sont pas trop élevés en fonction du nombre de collaborateurs.

Pour une telle solution B2B minimale, les coûts de maintenance des clients B2B et de tous leurs collaborateurs ou de mise à disposition de l’infrastructure correspondante pour l’échange électronique de données et/ou d’un portail pour la maintenance des données et des collaborateurs de l’entreprise ne sont pas négligeables du côté des TP. La qualité des données n’est pas très élevée en raison des retards dans la mise à jour et de l’absence de contrôle de plausibilité.

Solution B2B individuelle :

L’entreprise X est une grande entreprise qui peut s’offrir une solution informatique individuelle pour l’échange automatique des informations avec le système de TP. L’échange est initié et confirmé par le collaborateur Bruno Frey. À chaque accès au processus B2B avec le fournisseur, les données de la relation sont automatiquement vérifiées et mises à jour (par ex. centre de coûts, rôle et autorisations, limites, groupes de produits autorisés, adresse de livraison). Il est ainsi possible de concevoir des processus plus complexes.

Comme les informations sur les collaborateurs proviennent directement et automatiquement des systèmes de personnel, la qualité est en conséquence élevée. La facturation des prestations achetées peut également être hautement automatisée. Comme l’interface a été conçue individuellement, elle est très coûteuse à créer et à exploiter pour les deux parties et ne vaut donc vraiment la peine que pour les grandes entreprises qui disposent des ressources de développement nécessaires.

Le tableau suivant donne un aperçu des différentes solutions.

Solution zéro Solution B2B minimaleSolution B2B personnaliséeIdentityBrIDge
Contrat B2B existantNonOuiOuiOui
Gestion des collaborateursPas possibleManuellement par le client B2BAutomatisé, par relation B2BAutomatisé par relation,

Standardisé (une fois)

Facturation des prestationsUniquement individuelleAutomatiséAutomatiséAutomatisé

Manque de mise à l’échelle

Pour qu’un processus B2B se déroule électroniquement sans rupture de média, les informations d’identité gérées par un écosystème doivent être utilisées pour contrôler le processus dans un autre écosystème. Les solutions existantes sont souvent manuelles et sujettes aux erreurs, ou bien elles sont assez coûteuses. Dans tous les cas, elles ne sont pas évolutives, c’est-à-dire que si une autre entreprise vient s’y ajouter, on revient souvent à la case départ. Pour les petites entreprises, le coût d’une solution B2B individuelle est généralement beaucoup trop élevé et c’est pourquoi elles s’en tiennent à la « solution B2B minimale ».

Il manque une solution générique, basée sur des contrats (relations commerciales), qui permette de transférer facilement, automatiquement et sans rupture de média des informations d’identité d’une entreprise à une autre. Les informations, qui peuvent inclure, outre des données d’identification, des indications sur les possibilités de communication (comme l’e-mail, le téléphone), des informations de facturation et des autorisations, permettent de paramétrer les processus commerciaux et donc de les adapter individuellement. Idéalement, ces paramètres individuels ne doivent être stockés que temporairement – pendant le déroulement du processus – et peuvent ensuite être détruits (économie de données).


Projet IdentityBrIDge

Dans le projet IdentityBrIDge les chercheurs* de l’institut IDAS de la HESB Technique & Informatique élaborent une solution au problème présenté de l’échange d’informations d’identité. La base est constituée par le lien centré sur l’utilisateur des preuves électroniques (VC), que l’on connaît des Self-Sovereign Identities (SSI). IdentityBrIDge doit garantir la sécurité de l’information ainsi que la traçabilité, la non-répudiation et l’auditabilité lors du déroulement des processus commerciaux conformément à la réglementation. La création de normes doit permettre d’augmenter l’interopérabilité entre les entreprises, ce qui rendra la connexion économiquement possible pour les petites et moyennes entreprises. IdentityBrIDge a donc le potentiel d’avoir un impact social à long terme en rendant possibles de nouveaux processus commerciaux et modèles d’entreprise numériques.

Creative Commons Licence

AUTHOR: Annett Laube

Annett Laube est chargée de cours en informatique à la HESB Technique et informatique et dirige l'Institute for Data Applications and Security (IDAS). Elle a la responsabilité professionnelle du magazine scientifique SocietyByte, notamment pour le thème principal Digital Identity, Privacy & Cybersecurity.

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